LE ROI LEAR
Création du Théâtre de l’Acte : LE ROI LEAR
Texte de William Shakespeare
- Adaptation de Daniel Loayza
- Mise en scène : Michel Mathieu
- Assistant à la mise en scène : Yann Frouin
- Scénographie : Michel Mathieu et Pierre Dequivre
- Constructions : Pierre Dequivre
- Lumières : Christian Toullec
- Costumes : Nathalie Guillot
- Projections : Bruno Wagner
- Sons : Sébastien Cirroteau
- Régie plateau : Alberto Burnichon
- Avec :
Goneril : Natalie Artois
Régane : Séverine Astel
Le fou : France Hassan Ayoudj-Tess
Kent : Andrée Benchétrit
Cordélia : Mélyssa Michel
Lear : Dominique Collignon-Maurin
Cornouailles, le médecin : Sébastien Lange
Albany : Jacky Lecannelier
Oswald : Bourgogne Kaf Malère
Gloucester : Jean-Yves Michaux
Edgar : Alex Moreu
Edmond : Quentin Siesling
Public : adultes
Durée : 3h30 avec entracte
Lear se sent devenir vieux ; il décide de partager le royaume entre ses trois filles. On connaît la suite : les deux aînées répondent par la flatterie à la demande d’amour exclusif du roi, la cadette s’y refuse…Ce qui pouvait passer pour un acte généreux ou une décision politique avisée, engendre une triple catastrophe : destruction des liens familiaux, guerre civile, guerre tout court avec pour tout solde la mort des principaux protagonistes.
Comment les petites histoires font la grande histoire, comment notre être intime se heurte au rouleau compresseur d’un société en crise… voilà ce que raconte cette tragédie, voilà ce que nous dit Shakespeare avec ce génie si particulier, mélange d’une souveraine ironie, et d’une pénétration aussi vaste que profonde des débats qui agitent depuis toujours une humanité taraudée par ses propres bourreaux.
La mise en scène de Michel Mathieu croise avec l’actualité le discours de Shakespeare. Dans la profondeur de la langue de ce poète renaissant se faufilent les fils d’Ariane qui vont nous permettre de re-tisser l’écheveau de notre propre société, d’en faire le bilan et d’en tirer les âpres conclusions – les fantômes shakespeariens émergent du va et vient incessant entre le texte du XVIIe et la réalité du XXIe siècle, car cette grande œuvre répond aux peurs et aux espoirs de l’heure présente.
La fin d’un mode de pouvoir « pastoral » au profit du développement d’une société qui invente à la fois les débuts du libéralisme économique et la figure de l’individu : voilà ce que traduit cette pièce à cette époque de la Renaissance, au royaume d’Albion.
Nous n’en sommes pas sortis… même si les lieux du pouvoir ont changé. Qu’en est-il de ce conflit à l’heure de la société du spectacle ? Que ce passe-t-il lorsqu’elle est mise en crise ? Quand une voix sincère, celle de Cordélia, met en échec la langue de bois ?
La tragédie devient dès lors une anticipation de ce qui pourrait nous arriver, un poème de politique fiction avec ses soubresauts, ses contradictions, ses phases terribles, ses éclaircies.
La proposition du Théâtre 2 l’Acte est volontairement polymorphe, comme l’est l’inspiration shakespearienne, associant tragique et grotesque, densité et légèreté, pensée et poésie…S’y mêle aussi une réflexion sur le théâtre même : la scène peut déborder de son cadre, le jeu se frotte aux sons, aux images, en deçà le réel pointe sous la fiction.