ONZES VOIES DE FAIT
Création du Théâtre 2 l’Acte : ONZES VOIES DE FAIT
Texte de Bernard Noël
- Mise en scène : Michel Mathieu
- Images : Bruno Wagner
- Musique : Michel Doneda et Pierre-Olivier Boulant
- Lumières : Jean-Louis Carausse
- Avec : Alain Cornuet, Natalie Gouin, Marc Lador, Nadia Mouëza, Chantal Riotte, Marie-Angèle Vaurs
Public : adultes
Durée : environ 1h30
Dans ces temps où l’idée de la fin de l’histoire a été rendue à son ridicule, nous pensons que les questions livrées ici par Bernard Noël s’avèrent de la plus urgente actualité dès lors que les modèles de vie dominants révèlent leurs limites asphyxiantes.
Parlent là quelques figures-clés de notre présent : le tortionnaire et l’humanitaire, le soldat perdu frustré de son sacrifice, le consommateur complice de son emprisonnement comme la victime révoltée, la femme dans sa quête têtue de liberté…
À travers l’entrecroisement de ces dialogues, aveux ou confrontations , circule la parole du poète , sa quête obstinée de lucidité.
Rien de ce qui est chez l’homme n’échappe à l’humain pas même ses monstruosités, nous les avons en charge ; ce que nous disait déjà Georges Bataille dans ce manifeste des » Onze agressions » destiné au groupe » Acéphale « , Bernard Noël dans les » Onze voies de fait » qui en constituent la réplique nous le confirme.
Cette méditation en onze tableaux traversant le champ politique et philosophique se révèle d’abord comme empreinte : celle de l’épreuve tragique de l’existence. Nous l’avons voulue charnelle dans le choc des corps et des mots, des sons et des visions ; l’invitation à risquer un voyage au bord du gouffre.
« La tragédie, avant d’être un genre théâtral et donc littéraire, est une dimension de la vie humaine. A ce titre, elle implique la présence de forces agressives et ténébreuses toujours prêtes à détruire notre vitalité, mais toujours susceptibles d’être matées par elle et métamorphosées en afflux d’énergie. La conscience de l’agression latente et son affrontement délibéré forment ainsi la base d’un élan de résistance qui, en chacun de nous, est à la fois le mouvement tragique et le mouvement de la CHANCE. Rien de plus étranger au monde actuel que cet antagonisme fondamental pour la raison qu’on croit l’avoir effacé au moyen du consensus. Bien sûr, la violence subsiste, mais elle est dévoyée dans son surgissement comme dans son traitement. C’est que le DESTIN est passé de l’obscur et du sous-jacent dans la pseudo clarté des jeux de la spéculation et de l’économie. »
Bernard Noël