MEMORIAL PARK
Création du Théâtre de l’Acte :
MEMORIAL PARK
Textes extraits des œuvres de Jules Laforgue, Paul Gadenne, Roger Gilbert Lecomte, Guy Debord, Jean-Pierre Dupuy, Edgard Morin, Marcelline Desbordes-Valmore, Svletana Alexievitch, T.C Mac Luhan… et des écrits des participants
- Mise en scène et scénographie : Michel Mathieu
- Créations plastiques et réalisations : line Tiné, philippe Artois
- Musique en direct : michel Doneda, guillaume Blaise
- Lumières : jean-marc Richon
- Régie générale : Alberto Burnichon
- Production : Jean-paul Mestre
- Avec :
Caroline Bertin
Carol Larruy
Julien Charrier
Michel Mathieu
Julie Pichavant
Quentin Siesling
Dimitri Zerah
- Public : adultes
- Durée : 1h45
Il s’agit là d’un parcours de scènes, d’installations et de moments musicaux, articulés dans une sorte de labyrinthe où sous la direction d’un guide les spectateurs sont amenés à venir à la rencontre de quelques figures emblématiques d’un monde en péril, des êtres vivants, des animaux, des éléments – comme l’eau – et au bout de la chaîne « le roi » de la création qui est aussi, incidement, son bourreau potentiel… Si le guide se permet quelques explications zoologiques, il introduit aussi le mystère. On n’a pas affaire à un catalogue scientifique mais plutôt à une dérive dans ces zones frontières où s‘exprime à la fois notre parenté organique avec toutes les formes du vivant, et également notre lien spirituel fondamental. Comment la parole convoque ce foisonnement, s’y réfléchit, et comment enfin la perte d’une espèce est une amputation de notre être propre au-delà ou en-deça du deuil qu’elle constitue pour l’écosystème. Ainsi par exemple l’hirondelle des fenêtres, en grave diminution ; la symbolique vient aussitôt : le printemps, le voyage (et avec le voyage : l’exil, le rêve ,voire le rêve artificiel…) sans parler des traversées innombrables que cet oiseau a commis dans la poésie et la chanson populaire… Au bout du compte émerge cette interrogation : est-il encore temps de restaurer ce pacte avec la « nature » qui fondait bien des sociétés dites primitives et dont attestent notamment les paroles des indiens d’Amérique du Nord ( Pieds nus sur la terre sacrée, textes rassemblés par T.C. McLuhan).
En sommes-nous si loin désormais dans notre monde occidental gagné par le virtuel, que seules des catastrophes écologiques majeures pourraient nous obliger d’y faire retour ?
S’il traverse la célébration poétique des animaux qui risquent de nous abandonner, (de l’abeille à la baleine en passant par l’antilope du Tibet ou le dauphin du Yang-Tsé) sous forme de ce que la poésie classique nommait des « blasons », ce parcours comporte évidemment le questionnement central qui désigne une des failles essentielles de notre situation planétaire, là où réside un tragique immédiat.
Autour de textes divers, Gadenne, Alexievitch, Desbordes-Valmore, Roger Gilbert Lecomte et autres poètes, des paroles de penseurs allant de Guy Debord à Edgard Morin et des paroles d’acteurs, se tissent des actions, des sons, des trajectoires qui disent notre appartenance à la nature et le danger de sa dissolution.
Un poème de Jules Laforgue introduit le désastre… anathème proféré d’une bouche ivrogne contre notre monde anesthésié… C’est par l’homme que débute l’inventaire de nos perditions. Perte des langues, perte de notre rapport à la nature, perte des espèces vivantes, perte des éléments les plus nécessaires à la vie. L’itinéraire est déclinable, dans l’espace comme dans le temps.
Pour revenir au titre on saisira facilement ce que suggère le « mémorial » : célébration des essences menacées, quant au second terme de « park » il fait référence (ironiquement, on l’aura compris) aux parcs d’attraction du genre de « Disneyland » en ce sens que le voyage nous fait vivre différentes expériences qui réorientent chaque fois le regard et la participation du « spectateur », tantôt il est le témoin d’une sorte de chorégraphie en gestes et paroles, tantôt il se retrouve dans la position de visiteur de jardin zoologique ou de muséum, ailleurs il participe à un concert pour célébrer l’eau, ou il se perd dans un labyrinthe de draps animés. Ici on lui raconte une légende chinoise à l’aide de grandes marionnettes, Là il écoute le récit fasciné de Paul Gadenne…Auparavant, à propos d’antilope, il aura été le témoin indiscret d’un délire féminin sur un plateau sacrificiel.
La musique est présente tout le long du parcours avec les sons acoustiques des vents et des percussions ou électroniques (Michel Doneda et Guillaume Blaise) Si l’expédition traverse parfois des territoires oniriques ou symboliques, elle pointe néanmoins des questions réelles et urgentes ; auquelles quelques éléments essentiels d’information scientifique tentent de répondre, la fiction poétique laisse une place au constat critique.On s’adresse autant à la mémoire et à la sensibilité qu’à la réflexion politique. Outre les acteurs et actrices du Théâtre2l’Acte, et les musiciens déjà cités, le spectacle intègre des réalisations plastiques de Philippe Artois et Line Tiné.
Le travail de plateau a été précédé d’une recherche scientifique sur l’état de la question, les espèces menacées ou récemment disparues mais également sur la matière sensible qui leur est attachée, leur symbolique, les textes, légendes, dictons, chansons ou récits, qui les font figurer dans notre mémoire ou notre imaginaire.
Selon les thèmes retenus on a procèdé par études, esquisses, composées par les protagonistes ou par improvisations retravaillées. En fonction des lieux proposés, une déclinaison spatiale originale sera chaque fois réinventée avec des adaptations inspirées par le caractère et les contraintes de l’endroit.
La souplesse est de mise, elle est constitutive du projet.